Bonjour,
Et voici une nouvelle interview pour notre dossier Webtoon Academy !
Sandrine Nany – Cakechoz de son nom d’artiste – l’une des douze étudiants et étudiantes de la première promotion de la Webtoon Academy – a accepté de répondre à quelques questions sur son parcours et cette formation.
WA : Bonjour Sandrine, merci d’avoir acceptée cette interview pour Webtoon Actu.
Sandrine Nany (SN) : Merci de me l’avoir proposée.

Cakechoz (de son vrai nom Sandrine Nany), autrice de webtoon
WA : Pour commencer, peux-tu nous parler de ton parcours avant la Webtoon Academy ?
SN : Alors, avant la Webtoon Academy, j’ai fait des études de droit, puis travaillé dans des domaines très classiques et n’ayant rien à voir avec l’art. Vers 2017 – 2018, j’ai commencé à faire des commissions sur internet, à poster sur des blogs et à faire l’expérience des communautés et fandoms, et à poster gratuitement mon premier webtoon sur Tapas et Canvas. J’ai ensuite travaillé dans une entreprise de jeu vidéo indie à Madagascar, avant de signer mon premier contrat professionnel d’auteur webtoon en 2021 avec Tapas, puis en 2023 avec Webtoon France, qui édite ma série « Winter Sun » depuis à peu près deux ans maintenant.
WA : Qu’est-ce qui t’a amené à postuler à la Webtoon Academy ?
SN : Je suis tombée sur l’annonce par hasard sur Linkedin et mon contrat avec Webtoon France sur la saison un de ma série était en train de finir donc, dans ma tête, je me suis dit que je devais trouver quelque chose à faire. Et la formation, si je n’étais pas signée pour une saison deux, et à défaut de trouver un autre contrat, c’était un moyen pour moi d’approfondir mes connaissances, mes skills et d’apprendre auprès de professionnels coréens qui baignent vraiment dans le système de l’industrie. Heureusement, j’ai été signée pour une saison deux et ce que la Webtoon Academy m’a appris, ça m’aide beaucoup en ce moment.
WA : Le fait que tu as signé pour une deuxième saison en parallèle de la formation, tu as pu jongler entre les deux ?
SN : Alors je n’ai pas eu à travailler sur ma série en même temps car au moment où j’ai été sélectionnée pour la Webton Academy, j’ai demandé à mon éditrice si je pouvais faire une pause, ce qu’elle a accepté. Du coup, j’ai pu faire la formation tranquillement, sereinement et c’est à mon retour que j’ai repris la production.
WA : Tu as enchaîné direct saison un, formation, saison deux ?
SN : J’ai quand même eu un petit mois de pause. Donc, ça va, j’ai pu me reposer un peu avant de reprendre.

Winter Sun, un webtoon de Cakechoz, notez le beau décor floral doré autour des deux protagonistes
WA : Tant mieux ! Quelle a été ta réaction quand tu as appris que tu étais sélectionnée !
SN : Ah mais j’étais super contente ! Pour dire la vérité, j’avais postulé comme ça, et puis advienne que pourra, mais je n’avais réellement aucune attente. Vu que c’est francophone, et qu’il y a énormément d’artistes super talentueux qui travaillent dans le webtoon et juste baignent dedans, je me suis dit qu’il y avait très peu de chance que je sois sélectionnée. Mais j’ai été sélectionnée quand même, et j’étais super contente, c’était vraiment incroyable.
WA : Comment s’est passé ensuite ton installation à Angoulême ?
SN : J’étais au Canada depuis à peu près un an. En fait, arrivée à Angoulême, Diane et le reste de l’équipe se sont très bien occupés de moi, ils ont pris en charge tout ce qui était logement, et se sont occupés de l’installation. Même pour la demande de visa, ils étaient toujours derrière moi, ils m’ont beaucoup soutenue. Ça a été long mais arrivée à Angoulême, tout s’est très bien passé.
WA : Tu disais que tu étais au Canada depuis un an, qu’est-ce qui t’a donné envie de partir à l’étranger ?
SN : Principalement, le côté familial, parce que j’ai de la famille au Canada. Ça fait plusieurs années que ma sœur est au Canada, mes parents voulaient que je la rejoigne depuis un moment. Et quand j’ai eu l’occasion, j’ai sauté dessus. On va dire aussi qu’économiquement, et par rapport à la sécurité, l’accessibilité de tout, c’était beaucoup plus avantageux que Madagascar, là où j’étais avant. Professionnellement aussi, le Canada, c’est beaucoup plus de possibilités et d’opportunités.
WA : Tu as fait Madagascar Canada, Canada France et retour au Canada après ?
SN : Exactement, ça en fait du chemin !
WA : C’est clair. Pendant la formation, comment ça s’est passé avec les enseignants, et la barrière de la langue ?
SN : Les cours en eux-même étaient faciles à suivre car on avait des supports visuels qu’ils avaient préparés à l’avance et qui avaient été traduits. Au fur et à mesure des cours, ils nous donnaient des exercices, des conseils à appliquer à nos projets, puis le professeur avec Valentin, notre interprète, passait d’élève en élève pour voir où on en était, si on avait des problèmes, si il y avait des points où on avait besoin de plus d’éclaircissement. Pour moi, personnellement, ça a été un tout petit peu plus délicat quand on avait les entretiens individuels, car on avait des choses, parfois longues, que l’on voulait expliquer, je ne sais pas si c’était clairement traduit au professeur et si la réponse nous était clairement traduite. Il y a eu beaucoup de « Hé Valentin », « Hé Google traduction » ! Globalement, je pense que ça s’est bien passé. En tout cas, pour moi, on a tous pu avoir des résultats prometteurs et assez bien sur les projets finaux, donc je pense que la communication était quand même claire.
WA : Qu’est-ce que tu as apprécié dans ces mois de formation à Angoulême ?
SN : Pratiquement tout en vrai ! Je n’ai pas fait d’études d’art, donc c’était la première fois que j’étais dans un contexte académique par rapport à tout ce qui est art, dessin, formation graphique et franchement, j’ai adoré. En plus, par rapport au rythme de travail que j’ai habituellement en tant qu’auteure de webtoon, j’avais l’impression d’être en vacances, d’apprendre en même temps, de retourner à l’école. Et le suivi personnalisé, tout ce qu’ils nous ont appris par rapport à l’anatomie des personnages, aux couleurs, au scénario, à la composition, je peux vraiment voir la différence entre ce que je faisais avant et le travail que je peux faire maintenant. J’admets qu’il y avait des moments où je chouinais un peu, voire beaucoup, mais je suis très reconnaissante envers les professeurs. Et puis il y a aussi la camaraderie avec les autres étudiants, il y en a encore quelques-uns avec qui je suis toujours en contact. Certains avec qui j’ai pu travailler un peu sur mes projets. Le côté humain, c’est ce que j’ai le plus apprécié dans la formation, en plus de ce qu’ils nous ont appris.
WA : Justement, comment se sont passées les rencontres avec les autres étudiants car vous aviez des expériences différentes, vous veniez de pays différents ?
SN : Personnellement, je me suis fait des amis là-bas. J’ai passé de très bons moments, que ce soit avec les étudiants ou avec les profs. Parfois, on sortait pour décompresser, on allait au bar ou on allait manger, c’était vraiment sympa. Comme j’ai dit, il y en a quelques-uns avec qui je suis toujours en contact, avec qui je continue à discuter. Quelques fois, on se fait des appels, des sessions de travail ensemble pour avancer sur nos projets. En tout cas, ça m’a beaucoup appris au niveau maturité. Je pense que j’ai vraiment grandi grâce à eux. C’était une super expérience.
WA : Tu disais tout à l’heure que tu n’avais pas fait d’étude d’art. Tu es autodidacte ?
SN : Oui. A Madagascar, en tout cas à l’époque où je faisais mes études, il n’y avait pas de cursus d’art. Pour étudier ou travailler là-dedans, il fallait aller à l’étranger. C’était pas accessible à Madagascar. Donc on devait apprendre sur internet, principalement. J’ai fait des études de droit jusqu’à la fin, j’ai eu mon diplôme mais ce n’était pas ma vocation. A côté, j’ai commencé à faire des commissions sur internet, à publier sur les réseaux. C’est vraiment quand j’ai commencé à gagner de l’argent là-dessus que je me suis dit qu’il y avait moyen d’en vivre. La communauté d’artistes à Madagascar est assez petite et assez serrée, solidaire. Pratiquement, tout le monde se connaît et en étant active, j’ai pu avoir mon premier boulot. Quelqu’un que je connaissais était en relation avec une personne qui voulait monter un studio de jeu vidéo indé, j’ai été engagée et c’était ma première porte ouverte vers l’industrie.
WA : A Madagascar, tu étais à Antananarive ?
SN : Oui.
WA : Qu’est-ce qui a fait qu’à un moment, tu as eu envie d’aller dans l’illustration ?
SN : Comme beaucoup de gens qui sont dans cette carrière ou juste dans une carrière graphique, on a commencé très très jeune, on a pris un crayon et on ne l’a jamais lâché. C’était depuis toute petite que je voulais le faire, mais à partir du collège/lycée, je me suis dit qu’il n’y avait pas de plan de carrière pour moi là-dedans, qu’il fallait trouver autre chose. Mais au fur et à mesure, avec l’ouverture de l’internet – qui est arrivé un peu tard à Madagascar, on ne va pas se mentir -, j’ai commencé à voir les réseaux sociaux, les artistes à l’extérieur qui faisaient des commissions, qui pouvaient vraiment travailler là-dedans. Et je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». J’ai un ami qui m’a poussé à faire des commissions sur les blogs genre Skyrock et Tumblr. J’avais cultivé ma première communauté, j’ai pu commencé à faire des commissions avec eux. C’est au moment où j’ai eu ma première commission, que je me suis dit qu’on pouvait gagner de l’argent là-dedans, il y a possibilité d’en vivre. C’était vraiment ça le déclic, depuis très jeune, j‘avais envie de travailler là-dedans mais je pensais que ce n‘était pas viable. C’est vers mes dix-sept, dix-huit ans, que je me suis dit que je pouvais persister dans cette voie.
WA : Qu’est-ce qui t’a fait passer le cap de publier du webtoon, de passer de l’illustration au webtoon ?
SN : Alors, j’avais un ami qui publiait lui-même son webtoon, qui lisait énormément, et qui m’a parlé de Tapas. Du coup, il m’a montré le site et j’ai commencé à lire ce qui se faisait dessus. Vu que je faisais des petites BD sur papier, comme ça, j’ai pensé : « Pourquoi pas ? ». J’ai commencé le digital, alors pourquoi pas commencer à publier en ligne. J’ai fait ça pendant un petit moment, j’ai fait une pause quand j’ai commencé à travailler en studio. Et puis il y a eu le concours Webtoon en 2020 ou 2021, je ne me rappelle plus. J’avais préparé un webtoon, j’avais plusieurs chapitres de prêt, je n’ai pas gagné malheureusement mais j’ai décidé, comme j’avais beaucoup de chapitres finis, de les publier sur Tapas gratuitement. Pendant plusieurs mois, j’avais plusieurs épisodes d’alignés qui se publiaient automatiquement. Puis à un moment, un des éditeurs de Tapas m’a contacté pour me proposer de signer avec eux. Ça a été mon premier contrat professionnel dans le domaine du webtoon. J’ai travaillé avec eux pendant un an, en simultané avec mon travail au studio pendant quelques mois. Au bout de quelques mois, j’ai quitté le studio pour travailler à plein temps sur mon webtoon avec Tapas. Ils n’ont pas renouvelé mon contrat malheureusement, mais j’ai pu proposer un pitch à Webtoon France et c’est eux qui m’ont signée pour ma série actuelle.

Serval Inc, la série de Cakechoz éditée sur Tapas !
WA : Tu sais ce qui a accroché chez Tapas, comment ils t’ont repérée ?
SN : Ma série était un thriller surnaturel, et quand ils m’ont engagée, il me semblait qu’ils étaient dans une vague d’embauches, et qu’ils voulaient se constituer un petit groupe d’auteurs pour tester des nouveautés. Et le fait que j’avais un thriller et que j’avais déjà un nombre d’épisodes alignés, ils ont dû se dire que par rapport au rythme de travail, aux deadlines, je pourrais suivre. Personnellement, je pense que c’est ça.
WA : D’accord. Je reviens à la formation. Elle s’est achevée en décembre. Comment vois-tu l’avenir après la Webtoon Academy ?
SN : J’espère pouvoir continuer dans cette carrière pendant longtemps. J’étais dedans avant la Webtoon Academy. Et après être entrée à la Webtoon Academy, c’était quelque chose que je voulais continuer à faire. Pour le moment, j’ai des projets qui sont alignés devant moi, un en cours d’édition, et d’autres qui, j’espère, vont être édités. Pour le moment, je suis plus sur le côté francophone de l’industrie. J’étais sur le côté anglophone pendant un petit moment avec Tapas, là, je suis sur le côté 100 % francophone avec Webtoon France. J’espère pouvoir rentrer dans le côté coréen et asiatique de l’industrie. C’était l’un de mes objectifs avec la formation. J’aurais aimé être sélectionnée pour travailler avec le partenaire Kenaz. Malheureusement, ça ne s’est pas fait. Peut-être dans le futur. Ça serait ça ma perspective d’avenir. Continuer à travailler dans l’industrie du webtoon, entrer sur le marché asiatique cette fois ou essayer de revenir sur le marché anglophone. Je reste optimiste sur mes perspectives d’avenir là-dedans.
WA : Tant mieux ! Est-ce que tu peux nous parler des projets sur lesquels tu travailles actuellement ?
SN : Il y a ma série « Winter Sun » en publication et en production pour la saison deux. C’est une romance fantasy, qui va aller un peu plus sur un côté aventure pour la saison deux. Mon deuxième projet, ce serait la série sur laquelle j’ai avancé à la Webtoon Academy qui est encore en suspens. J’aimerais la perfectionner plus tard pour pouvoir la proposer. C’est plutôt un reverse Isekai, plus action et super-héros. J’ai un autre projet que j’illustre actuellement, mais je ne peux pas encore vraiment en parler. Je croise les doigts pour que ça se concrétise et trouve le succès.

Winter Sun, le bonheur est dans le reflet ?
WA : On gardera le suspense en croisant les doigts pour toi. J’avais une dernière question, est-ce qu’il y a un sujet qu’on n’a pas traité et que tu voudrais aborder ?
SN : Je ne sais pas trop. Mmmh… Peut-être ajouter quelque chose sur ce qui a été positif dans la formation, c’est le networking. Grâce à la formation et ses partenaires, j’ai pu entrer en contact avec beaucoup de gens dans le milieu. J’ai pu aller aux rencontres internationales du webtoon de Monteux. Il y avait beaucoup d’artistes, des éditeurs, des gens qui travaillent dans plusieurs domaines, au niveau de la traduction, de l’audiovisuel, des impressions, des adaptations, ce genre de choses. Ca, c’était super. J’ai pu avoir des contacts de gens à Ellipse, mais aussi dans d’autres maisons d’éditions. La formation, à côté de tout ce qui était pédagogique, des nouvelles connaissances, c’est le côté humain qui m’a le plus intéressée et qui a été le plus épanouissant pour moi.
WA : En discutant avec d’autres étudiants, il y a un côté encadrement, échange humain avec les enseignants, l’équipe, les étudiants, qui vous a tous chaleureusement marqués. Merci beaucoup Sandrine. On te souhaite plein de bonnes choses et de nombreux contrats pour tes projets. A bientôt !
SN : Un grand Merci. A bientôt !

Familia Supra Omnia, un autre webtoon de Cakechoz !
Et en conclusion, voici tous les liens où vous pourrez découvrir les travaux de Sandrine :
– Son portfolio : https://www.cakechoz.com
– Son compte Instagram : https://www.instagram.com/cakechoz/
– Sa série « Winter Sun » éditée par Webtoon France : https://www.webtoons.com/fr/fantasy/winter-sun/list?title_no=6730
– Sa série « Serval Inc » publiée sur Tapas : https://m.tapas.io/series/Servalinc/info

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