14 novembre 2025

Dossier Webtoon Academy, Interview de Jin-chan, webtoonist de la première promotion de la Webtoon Academy

Aujourd’hui, dans le cadre de notre dossier sur les formations webtoon, nous continuons notre exploration de la Webtoon Academy. C’est Jin-chan, une des douze étudiantes de la première promotion de la Webtoon Academy, qui a accepté de se prêter au jeu de l’interview.

WA : Bonjour Jin-chan ! Merci beaucoup d’avoir accepté cette rencontre pour Webtoon Actu.

J : Merci, c’est ma première interview.

Jin-Chan, enfin plutôt son avatar dessiné par ses soins !

WA : Alors, on va tout faire pour que ça se passe bien ! Pour commencer, peux-tu nous parler de ton parcours avant la Webtoon Academy ?

J : Juste après un bac littéraire, j’ai fait des études d’art, j’étais à Jean Trubert, et juste après l’examen final, j’ai réussi à être assistante sur un manga français qui s’appelait « O.S.E : Life Project ». En même temps, j’ai dû continuer mes études. Là, j’ai pu aller à l’INALCO en faisant des études de Japonais. Malheureusement j’ai dû travailler très vite, ça m’a éloigné un peu de tout ce qui était art. Sauf qu’à partir du COVID, avec les cours, c’était devenu un peu compliqué et c’est là où j’ai redécouvert le format du webtoon. Ce qui me permettait de m’auto-éditer à moindre frais. J’ai vraiment découvert le format vertical et ça m’a pas mal plu donc, c’est à partir du COVID que j’ai commencé à faire mes propres petites séries de mon côté. Et l’année dernière, quand j’ai vu qu’il y avait une formation disponible, j’ai sauté dessus, j’ai quitté mon travail et je me suis lancée.

Yuu et Val, le spersonnages créées par Jin-Chan, en pleine création musicale !

WA : C’est en découvrant l’existence de la Webtoon Academy que tu t’es dit : « je vais postuler » ?

J : Oui, voilà, c’est ça. J’avais travaillé dans un café et comme agent d’escale à Air France. A côté j’essayais de dessiner, mais je n’avais pas trop le temps non plus. A ce moment-là, je me suis dit qu’avec une formation, je serais obligé de tout mettre de côté, je devrais déménager. Ça me permettrait de passer le cap. Je me suis dit : « A partir de cette année, je me lance à fond dans le webtoon ». Et voilà !

WA : Comment se sont passés les entretiens, le concours d’entrée ?

J : Alors en fait, Diane Ranville était présente à la Japan Expo, et j’avais eu des billets pour pouvoir y aller et voir des amis à leur stand, comme je faisais d’habitude. C’est une autre étudiante de la Webtoon Academy, Himage, que je suis allée voir et c’est elle qui m’a dit : « Justement, il y a Diane qui va lancer la Webtoon Academy qui est sur la Japan, est-ce que tu veux que je te la présente ? », j’ai répondu oui ! On a un peu échangé avec Diane et le courant est bien passé. Quand elle a vu mon dossier, elle s’est souvenue de moi. Il y a eu des entretiens en visio quelques semaines plus tard, et peu de temps après, j’ai su que j’étais prise avec onze autre étudiants.

WA : Tu devais être enthousiaste quand tu as su que tu étais admise ?

J : Oui ! Le premier jour de la Webtoon Academy, c’était aussi mon dernier jour de travail. Ca s’est bien enchaîné !

WA : Comment s’est passé ton installation à Angoulême ?

J : Alors, ça a été laborieux de trouver un logement. Parce que tous les étudiants étaient déjà installés donc il n’y a avait pas beaucoup d’opportunités. Mais à part le logement, la ville était tellement tranquille, on se sent à l’aise très vite. En quittant Paris, on se retrouve avec une absence de pression extérieure totale et comme ça, ça m’a permis de me concentrer sur la formation et c’est vraiment cool.

WA : Comment se sont passés les cours pendant la formation ?

J : On était à cheval entre deux locaux. Le matin, on était au vaisseau Moebius, là où il y a la plus grande bibliothèque de BD d’Europe, on était idéalement bien placé. Et l’après-midi, on allait dans les locaux de l’EMCA (une école de cinéma d’animation sur Angoulême), avec une classe qui nous était dédiée, du coup, on avait un matériel spécifique avec de belles tablettes qualitatives. Ça fait mal de rentrer à la maison après ! Nos professeurs venaient de du studio Kenaz en Corée, Diane (Ranville) était là pendant les cours pour voir comment ça se passait et notre interprète, Valentin (Comoy), qui clairement s’intéressait déjà au métier du webtoon était enthousiaste pour retranscrire ce que les professeurs nous transmettaient. Le premier professeur qu’on a eu, Yeong-Jun (Park), était vraiment spécialisé en scénario. Et puis plus tard, Si-Ho (Kim) est venu, il était plus spécialisé en dessin, et nous apprenait tout de sa spécialité. Chaque professeur est venu nous apprendre tout ce qu’il connaissait le mieux pour qu’on puisse ensuite assimiler par nous-même. Il y avait une belle ambiance en fait. C’était très carré et en même temps, sans nous mettre la pression. Comme ça, ça permettait d’exploiter au maximum le potentiel de chacun. C’était vraiment un bon cadre de travail dans une belle ambiance.

WA : Comment s’est passé la relation avec les enseignants, car il y avait la barrière de la langue ?

J : C’était une appréhension qu’on avait tous eue au début. Mais comme Valentin lui-même est déjà passionné de webtoon et qu’il travaille dedans, il comprenait très vite et il n’y avait pas de temps de latence entre ce que disait le professeur et l’interprétation. Au final, Si-Ho avait dit que c’est vrai qu’il arrivait à dire plus de choses quand il n’y avait pas la barrière de la langue. Mais je trouve que Valentin a fait du super boulot pour dynamiser le tout et il n’y avait pas de sensation de cassure pendant la traduction. Je pense que c’est aussi grâce à l’interprète que ça s’est bien passé en réalité.

WA : Avec tous ces cours, pourrais-tu dire aujourd’hui dans quels domaines tu as progressé grâce à la Webtoon Academy ?

J : En fait, je dirais que j’ai progressé dans tous les domaines. Parce que quand je regarde ce que je faisais toute seule il y a déjà quelques années, j’aurais pu m’améliorer juste avec le temps, mais au final, pendant la formation, on avait des retours les après-midis de la part des professeurs sur nos travaux. Ca permettait d’avoir un point de vue extérieur et professionnel pour pointer toutes les choses qui n’allaient pas, même si c’était sur un temps assez court de trois mois seulement. Maintenant que la formation est terminée, je vois qu’il y a encore des impacts positifs sur ce que je fais en ce moment, grâce à ce qu’ils nous ont appris pendant la formation.

WA : Est-ce qu’il y a des cours qui t’ont plus marqué que d’autres ?

J : J’ai plus des souvenirs des derniers cours où on était plus dans la pratique que dans la théorie. C’était surtout dans la manière de faire, il y avait juste certains détails marquants : le fait que Si-ho pouvait poser une case tout bêtement pour nous montrer quelques petits exemples. Même si c’était des brouillons simples, nous on aurait réfléchi avant de les faire, et ça m’a marqué qu’avec le temps, on arrive à tracer des choses pareilles même à l’arrache, j’ai trouvé ça vraiment cool. J’arrive pas à me souvenir de cours précis, mais juste voir l’expertise en direct des professeurs, c’était impressionnant !

WA : Comment se sont passées les rencontres avec les autres étudiants, car vous venez tous d’horizons, d’expérience, de pays différents ?

J : Il y en avait déjà quelques uns qui se connaissaient. Moi, je n’en connaissais qu’une. Au final, on avait tous un intérêt commun mais en même temps, des styles complètement différents, j’aime le fait qu’il n’y a pas eu de rivalité dans la classe. C’était vraiment dans un climat d’entraide, chacun avait ses défauts et ses qualités et tout le monde se hissait vers le haut. Jusqu’à maintenant, on est toujours en contact avec certains élèves, je suis toujours en contact avec notamment Sandrine, Teresa, Romina et Ronce assez régulièrement. On essaye de garder un peu le climat de la Webtoon Academy, même à distance. Ça nous a vraiment aidé, même pour ceux qui étaient déjà pro. Et on est bien content de l’avoir fait.

WA : C’est super d’avoir pu créer un noyau et de garder contact avec des personnes pour conserver l’énergie.

J : C’est exactement ça.

WA : Aujourd’hui, la formation s’est achevée. Comment vois-tu l’avenir après la Webtoon Academy ?

J : Après la Webtoon Academy, il y a eu trois lauréats qui continuent en Corée, j’ai pas eu la chance de faire partie de ces lauréats. En attendant, je continue de travailler sur mon webtoon en participant au concours webtoon US avec « Sleepless Lullaby », le projet sur lequel je travaillais pendant la Webton Academy. Je croise les doigts et pour l’instant, je mets le focus dessus. Et puis après on verra !

WA : Tu as trouvé intéressant le fait de pouvoir développer un projet pendant la formation et d’avoir des regards sur le scénario, le graphisme au moment où on est au début du projet ?

J : En fait, ce qu’il y avait de bien, c’est que le matin, certes, on avait des cours théoriques, mais l’après midi, on avait des retours. C’est ce qui permettait de travailler sur nos projets personnels. Ca n’est pas souvent qu’on a une formation où on travaille la pratique… Mais là, le fait qu’on soit encadré et que les professeurs connaissent même les noms de nos personnages, les univers et qu’ils soient assez investis pour qu’on développe vraiment ce qu’on veut, c’est génial !

WA : Est-ce que tu peux nous parler des projets sur lesquels tu travaille actuellement ?

J : J’ai plein de projets en tête, comme d’habitude, mais cette fois, vu que j’ai réussi à me focaliser sur ce webtoon-là, j’aimerais bien aller plus loin que les dix premiers épisodes comme j’ai déjà fait avant. Mon webtoon parle de Yuu, une étudiante qui enchaîne les petits boulots, elle ne gagne pas beaucoup d’argent, mais au fond d‘elle, elle a un rêve : percer dans le monde de la musique. Sauf que le problème est que sa mère était musicienne et qu’elle est morte à cause de sa carrière, mais je ne rentre pas dans les détails. C’est compliqué dans la vie quand on a un rêve et qu’on veut avancer, mais qu’en même temps, la personne qui est censée nous aider est morte. C’est une histoire qui traite le deuil mais surtout une quête initiatique.

Yuu, l’héroïne de Jin-Chan, au piano !

WA : le personnage s’appelle Yuu, ça se passe en Corée ?

J : Justement, non, c’est un univers extensible, ça se déroule dans une ville fictive en Amérique centrale. Ça permet de mélanger plusieurs cultures, un petit peu comme Singapour mais en version Américaine.

WA : Et pourquoi l’Amérique centrale ?

J : Comme j’ai des amis partout dans le monde, on s’amuse en se disant : « Ce serait vraiment bien si on pouvait tous se rejoindre au même endroit, si on pouvait tous être voisin dans la même ville. ». On s’est tous dit que le plus simple, ce serait l’Amérique, ce serait bien, on parlerait tous anglais. Alors pas l’Amérique du Nord, pas l’Amérique du Sud non plus, mais au centre, il y a la plage, les Caraïbes, c’est cool.

WA : Est-ce que tu as prévu d’aller en convention ou en festival  ?

J : Je suis allé à la Japan Party fin avril. Et là, ça m’a fait plaisir de voir ce salon. Le genre de personne avec qui on va à des conventions, ça change complètement l’expérience. Quand j’étais au lycée, j’allais avec d’autres fans de manga mais très vite, j’ai perdu l’intérêt. Mais maintenant, je vais avec d’autres personnes qui sont aussi artistes comme moi, et je retrouve un intérêt pour les conventions. J’ai un ami qui m’a forcé à m’inscrire au Geek Days de Lille en octobre et là, j’aurais un stand. Ce sera le troisième stand de toute ma vie. On va voir ce que ça donne après une petite pause de quelques années !

WA : C’est super ! Ce sera un stand en solo ou partagé ?

J : J’aurai un stand partagé avec Maniolla, l’ami en question.

WA : C’est bien d’être à deux pour tenir un stand, pour se remonter le moral.

J : Et aussi pour aller aux toilettes en ayant quelqu’un sur le stand.

WA : Ah oui, l’aspect pratique. On n’y pense pas assez. Est-ce qu’il y a quelque chose qu’on n’a pas abordé et dont tu voudrais parler ?

J : Non, je voulais juste te remercier, c’était ma première interview, j’étais un peu anxieuse mais tu mas mis à l’aise rapidement. Merci.

WA : C’est normal. Merci beaucoup à toi pour cette rencontre. On t’envoie plein d’ondes positives pour ton projet et pour les Geek Days ! A bientôt.

J : Merci beaucoup pour cette interview. A bientôt.

Yuu au milieu d’une fête !

Vous voulez découvrir le travail de Jin-chan ? Voici les différents réseaux où vous pourrez la suivre et voir ses créations :

– INSTAGRAM : @akijinchan https://www.instagram.com/akijinchan/

– Le lien vers son webtoon (en anglais) « Sleepless Lullaby »pour le concours US : https://www.webtoons.com/en/canvas/sleepless-lullaby/list?title_no=1032536

– Le lien vers son premier webtoon (en français) « Sleepless Night » : https://www.webtoons.com/fr/canvas/sleepless-night/list?title_no=619170

David Neau

Scénariste pour le jeu vidéo, le cinéma et le podcast, Auteur-dessinateur de la BD numérique Zéda, Chroniqueur Web sur la BD sous toutes ses formes, Réalisateur de courts-métrages animés, Formateur à la BD numérique

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