28 avril 2024

Interview : Lief, autrice de Because I Can’t Love You

Sa série comptabilise plus de 20 millions de vues sur la plateforme Webtoon, est en cours de publication en version papier chez K-Factory, et les files d’attente de ses dédicaces sont archi-pleines : on peut dire que Lief, l’autrice de la romance Because I Can’t Love You (BICLY), est l’une des webtooneuses françaises les plus populaires ! Nous avons eu la chance de la rencontrer à Japan Expo, fatiguée mais surtout comblée par ce succès.

Webtoon Actu : Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours, avant la sortie de Because I Can’t Love You ? (formation, précédents travaux…)

Lief : J’ai fait une mise à niveau en arts appliqués en sortant du bac, puis j’ai été refusée en cinéma d’animation (mes notes scolaires n’étaient pas bonnes). Je me suis donc tournée vers une école de mangas, à Angoulême, parce que je voulais vraiment faire du manga, mais j’ai découvert le webtoon fin 2018, sur la platerforme Webtoon (en version anglophone), je me suis penchée dessus, et je me suis rendue compte qu’elle permettait d’obtenir une énorme visibilité, et ainsi se faire repérer.

Un an plus tard, à la suite d’un burn-out, je décide de créer BICLY, qui est une romance, donc pas du tout dans mon univers habituel (plutôt fantasy, science-fiction), parce que c’est vraiment ce que je lisais le plus en webtoon. En 2020, au Festival d’Angoulême, je suis allée voir Webtoon, en leur montrant (sur mon petit téléphone) les 2 ou 3 épisodes que j’avais publiés sur Webtoon Canvas, et ils ont été super intéressés. Trois mois plus tard, je leur ai renvoyé les 3 premiers épisodes complets, un petit synopsis de la suite de l’histoire, et j’ai finalement été publiée en août de cette même année.

Manga - Manhwa - Because I can't Love you Vol.1

Ça te fait quoi de voir ces tomes, en version physique ? 

C’est un peu une concrétisation, parce qu’à la base, je voulais faire du manga, donc être publiée en librairie. Même si j’ai pas créé BICLY dans le but d’être publiée en version papier, il y a quand même un sentiment de réussite quand je vois mon oeuvre dans les rayons de librairies, aux côtés de mangas d’artistes que j’ad. C’est en quelque sorte un rêve qui commence à se concrétiser !

Tu continues la publication webtoon de ta série, comment vois-tu le fait que tes épisodes puissent être commentés, chaque semaine ?

Ça va jamais me faire changer d’avis sur ce que j’ai décidé de faire, mais j’adore lire les commentaires, avoir des retours en temps réel des lecteurs, c’est vraiment un des points positifs de la plateforme Webtoon, ça m’a beaucoup aidée à « valider » mon travail pendant la saison 1.

Par contre, pendant la saison 2, il y a des moments où j’ai complètement coupé, c’était trop dur à lire, il y avait beaucoup de déception par rapport aux choix que j’ai faits, et du coup, je me disais « mince, j’ai complètement foiré la saison 2 ». Finalement, en discutant avec les personnes qui viennent me voir en dédicaces, globalement, elles me disent qu’elles ont apprécié les risques que j’ai pris.

Quoiqu’il en soit, les commentaires, ça reste quelque chose de super motivant, ça m’a manqué quand je préparais le début de la saison 2 et qu’il n’y avait pas de nouvel épisode tous les samedis. En fait, c’est assez contradictoire : je déteste le samedi, parce que je sais que le moindre petit commentaire peut me rendre hyper triste tout le reste de la journée, mais en même temps, quand il y a pas de nouvel épisode, je ressens un énorme manque ! C’est trop bizarre, on est dans une relation toxique avec les commentaires (rires) !

En gros, ça va pas modifier mes choix scénaristiques, mais ça peut par exemple me faire bouger de place une scène, si ça n’impacte pas profondément l’histoire, en me disant « ah, peut-être qu’il faut l’avancer pour que ce soit plus cohérent ».

Dans BICLY, on sent autant d’influence française, qu’américaine, voire coréenne, est-ce que c’est volontaire de ta part ?

J’ai pas voulu situer l’oeuvre, parce que je voulais pas être limitée dans ce que je pouvais créer. Évidemment, j’ai été bercée par les séries américaines quand j’étais petite (Les Frères Scott, 90210 Beverly Hills, Gossip Girl…), donc c’est notamment ce qui explique qu’on suive les histoires d’un grand groupe de personnes. Mais à côté de ça, j’ai basé ma série sur le système scolaire français, j’utilise des références « pop culture » françaises (notamment liées à la télé-réalité)… En fait, je voulais que n’importe qui, dans le monde entier, puisse se reconnaître. Et oui, je regarde beaucoup de K-Drama, donc il y a très probablement une influence de ce côté-là (rires) !

Tu l’as dit, il y a beaucoup de personnages dans ta série ; à la fin du tome 1, on a même un schéma qui nous récapitule comment ils sont liés. As-tu une organisation particulière pour t’y retrouver ?

Pas du tout ! Je connais les relations vraiment par coeur, et même quand je choisis de faire un micro-arc narratif sur un personnage, c’est souvent parce que j’ai pas eu le temps de le traiter avant, et donc ça me sert de transition. Ça me permet de faire un parallèle avec ce qui s’est passé avant, relancer l’intrigue et impacter les personnages principaux.

Il y a un personnage qui me touche particulièrement, Cole, étudiant gay mais pas « out » au début de l’histoire. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur sa création ?

C’est venu assez naturellement, intégrer des personnages LGBT me paraissait assez évident. C’est vrai que pour Cole, c’est vraiment un sujet, parce que ça fait partie du fil conducteur de l’histoire mais par exemple, il y a un autre personnage dont l’orientation sexuelle est assez anecdotique, ce qui peut être le cas de plein de personnes dans la réalité. Après, pour essayer de ne pas faire d’erreurs, je me suis beaucoup renseignée : je suis allée voir énormément de témoignages, de documentaires, pour m’inspirer de vies réelles et trouver la bonne façon d’aborder la thématique. Et en même temps, Cole ne se résume pas à ça, je voulais pas que ça définisse sa personnalité.

Que retiens-tu le plus de tes rencontres avec le public ?

Beaucoup d’amour ! Je reçois une vague d’amour vraiment impressionnante. Je suis aussi marquée par la diversité des personnes qui viennent me voir, tant en termes d’âge, que de genre… Il y a parfois des petits amis qui viennent pour leur copine, qui lisent un petit peu le tome, et me disent qu’ils vont continuer la série. Je suis vraiment contente d’avoir réussi à toucher un public relativement large.

Sinon, j’en ai justement parlé avec un lecteur tout à l’heure, les personnes qui me disent qu’un des personnages les a aidées, *Lief est très émue*, c’est le plus beau des compliments qu’on puisse me faire, parce qu’à la base, j’ai moi-même créé BICLY pour m’aider, donc ça me touche énormément.

Découvrez BICLY en ligne sur Webtoon et en version papier chez K-Factory

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