C’est sur la plateforme Ono que Glénat commence son aventure dans le webtoon français : il s’agit pour le moment de plusieurs œuvres originales qui seront disponibles uniquement en numérique !
À partir du 12 septembre vous pourrez découvrir 4 titres : deux boy’s love, une comédie romantique et un récit d’aventure fantastique. Les premiers chapitres seront disponibles gratuitement puis il y aura un nouveau chapitre par semaine comme c’est souvent l’habitude dans ce secteur.
Because of love est le premier titre qui ouvre le bal ! Il s’agit d’un boy’s love de l’autrice Cyann que l’on connaît déjà avec son œuvre Les Ravageurs
À partir du 17 septembre, vous pourrez retrouver Fritz, le Prince Maudit d’Andrea Tridico, une fiction historique s’articulant autour du roi prussien Frédéric II Le Grand.
Le 22 septembre, vous découvrirez My Boyfriend is a Webtoon Hero de Slap Studio constitué de Kotopopi et de Greenyedblackwolf, une comédie romantique.
Et le 13 octobre, vous avez rendez-vous avec une aventure fantastique dans Le dernier Dracosire de Valii (auteur d’Arlo).

webtoon@glenat
Afin d’en savoir plus sur l’arrivée de cette collection et la ligne éditoriale, nous avons interviewer Hugo MANOS, l’éditeur webtoon des éditions Glénat.
Par rapport aux autres éditeurs qui ont opté pour la sortie de webtoons en format papier, Glénat a choisi le numérique, pourquoi ce choix ?
Il n’est pas impossible qu’un jour nous allions vers le papier, parce qu’effectivement c’est quand même 99% de notre activité, c’est notre savoir-faire depuis plus de 50 ans !
Ce qui nous tenait à cœur, c’était de pouvoir accueillir des auteurs français et européens qui sont aujourd’hui soumis à des rythmes de publication et de rémunération inadaptés imposés par les seuls systèmes qui existent, c’est-à-dire les systèmes coréens. En tant qu’éditeur, nous avons une responsabilité : accueillir ce vivier de jeunes auteurs qui ont le courage de prendre en main un nouveau média, qui, à notre sens, a beaucoup de potentiel en France et à l’international.
Le constat est assez évident que ces auteurs ont une qualité de vie liée au travail assez déplorable et qu’il faut faire quelque chose, si on ne veut pas que dans 5 ans, on n’ait plus d’auteurs locaux, français ou européens.
Et puis le choix du numérique est aussi une opportunité pour une maison d’édition comme Glénat, qui a toujours été concentrée exclusivement sur le papier. Nous constatons que le nombre de lecteurs papier diminue alors que le temps passé sur les écrans augmente. Bien que nous sommes convaincus que la lecture sur écran ne supplantera pas la lecture papier, un avenir ou les deux seront plus équilibrés est fort probable.
Enfin, le numérique permet de toucher de nouveaux lecteurs : des jeunes habitués au smartphone et aux réseaux sociaux, parfois intimidés par la lecture traditionnelle. Le webtoon peut être pour eux une porte d’entrée vers leur premier manga, puis leur première BD. Je pense qu’actuellement, le webtoon fait partie des médias préférés des jeunes. Ce format est souvent gratuit ou bien plus accessible, ce qui est essentiel dans un contexte où le pouvoir d’achat baisse.
Les gens ne vont pas vouloir arrêter de lire, ne vont pas vouloir arrêter de se cultiver, d’avoir accès à des contenus culturels. Donc cela nous permet de faire une proposition de contenu plus accessible au plus grand nombre, et aussi aux plus petites bourses.

webtoon français because of love@glenat
Vous parliez précédemment du rythme coréen. Quel rythme proposez-vous à vos auteurs ?
Alors, notre rythme de publication reste hebdomadaire comme sur les plateformes, puisque c’est la règle définie par ce média.
Par contre, en tant qu’éditeur, on n’a pas l’obligation de l’imposer à l’auteur. On commence à produire avec un rythme bien plus adapté à la vie de l’auteur. On attend que la production soit supérieure à la moitié des épisodes prévus dans une saison avant de pouvoir commencer à publier, afin de conserver une avance confortable. L’auteur peut ainsi continuer et terminer son œuvre sans qu’il soit rattrapé par la diffusion.
En général, les plateformes publient après une vingtaine de chapitres. Est-ce aussi votre critère ?
Alors, je dirais plus que c’est une question de proportion, puisque toutes les séries ne sont pas prévues avec le même nombre d’épisodes, certaines comptent 30 épisodes, d’autres 40. Globalement, on attend d’avoir au moins la moitié de la saison, on est même plus proche de 70 %. C’est en fonction de ce qu’on a à délivrer.
On n’a pas envie, dès le commencement, de se brider avec des contraintes. On est conscient aussi qu’on est nouveau dans l’exercice, dans le média. Donc, on ne veut pas non plus brider nos auteurs en leur disant « il faut que tu nous fasses trois saisons » ou bien « il faut que tu nous en fasses qu’une ». On veut essayer de faire en sorte, pour une fois, que ce soit la dimension artistique et créatrice qui soit leadeuse du mouvement, plus que des contraintes purement marketing et commerciales où il faut vraiment un nombre prédéfini pour optimiser.

fritz le prince maudit@glenat
Quelle est votre ligne éditoriale ? Comment se passe le choix des sujets ?
J’essaie d’être celui qui fait le pas de côté par rapport aux grosses productions qui ont tendance, à mon sens, à resservir assez souvent les mêmes plats (les mêmes traitements graphiques, un peu les mêmes histoires) décliné de multiples façons.
Je suis quand même plus attiré par les scénarios et les traitements graphiques que je trouve pertinents. Je ne veux pas être un « punk » du webtoon et proposer des contenus dont je sais qu’ils seront trop déstabilisants. Je veux proposer des œuvres respectant les codes du webtoon tout en donnant une petite originalité, un petit pas de côté.
Le coup de cœur est important mais il faut aussi prendre en compte la cohérence autour du projet par rapport au marché, aux lecteurs. Nos œuvres ont un point commun qui a surgi naturellement : la notion d’émancipation. Cela reste suffisamment ouvert pour que toutes les thématiques y trouvent leur place.
Ensuite, nous faisons valider les projets par un comité éditorial interne.
À quel moment Glénat a commencé son projet de webtoon français ? Comment avez-vous choisi vos premiers titres ?
Tout a commencé en janvier 2024 quand je suis devenu éditeur et où j’ai envoyé mon premier message pour convoquer un premier comité éditorial.
De manière assez simple, j’ai joué mon rôle d’éditeur qui commence dans la vie d’éditeur.
Je me suis armé de mon téléphone et d’Instagram. Je suis allé dans des salons, je suis allé voir des écoles de jeunes artistes. Je suis allé à Angoulême et j’ai participé à des rencontres jeunes auteurs. Tous ces petits événements m’ont permis progressivement de rencontrer des artistes, je leur ai expliqué notre vision et la façon dont nous voulions travailler.
Ceux qui étaient intéressés nous ont proposé des projets, ou bien je leur ai suggéré des pistes. Puis, si tout s’alignait, nous contractualisions.
Avez-vous parfois orienté des auteurs venus pour du manga vers le webtoon ?
Alors c’est arrivé. Je ne suis pas un obsédé du webtoon. Si la personne vient avec la ferme idée de faire du manga, je l’accompagne en tant qu’éditeur de BD. En revanche, certaines histoires auraient plus de potentiel en webtoon et je le dis honnêtement.
Chez Glénat, on a beaucoup d’auteurs assez influents. Ce qui, des fois, limite un peu la place pour les plus petits auteurs ou les auteurs qui débutent. Cette approche via le webtoon est comme une sorte de laboratoire de découverte de jeunes auteurs qui veulent peut-être un jour vivre de la BD, et qui se disent que de pouvoir commencer avec le webtoon, et d’en vivre quelques années leur permettra de continuer à travailler leur plume, de travailler leur dessin, etc.

My Boyfriend is a Webtoon Hero t@glenat
Deux des quatre premières séries sont des Boy’s Love. Pourquoi ce choix, alors que ce n’est pas un genre fort chez Glénat ?
Alors, le premier titre est effectivement un Boy’s Love. Pour l’histoire, j’avais beaucoup échangé avec l’autrice et son histoire m’a inspiré, c’est un bon scénario avec des thématiques qui plaisent aux lecteurs, notamment aux lectrices. En tant qu’éditeur, je dois trouver l’équilibre entre la proposition artistique et la viabilité commerciale. Cette production y répondait complétement.
Le second n’est pas à proprement parler un Boy’s Love, mais une fiction historique autour de Frédéric II le Grand, figure importante du siècle des Lumières en Europe. Je trouvais intéressant de montrer qu’il y a des figures historiques connues et reconnues qui ont été homosexuelles. Et graphiquement, il y a une très belle qualité. On est quand même dans le haut du panier.
Avez-vous reçu des œuvres qui n’étaient pas forcément à la hauteur graphiquement, les avez-vous avez fait retravailler pour que ça arrive à un certain standing ou les avez-vous avez rejetées ?
Le luxe que nous avions au départ, c’était de pouvoir démarcher nous-mêmes des artistes dont nous estimions le travail. Mais certaines œuvres ont été refusées car le dessin n’était pas au niveau ou pas adapté au webtoon. On engage la marque Glénat.
J’ai envie qu’il y ait un certain niveau graphique parce que j’ai conscience que ce qui peut donner tant d’intérêt pour les studios coréens et leur production, ce sont des contenus avec une très haute qualité et je pense que c’est aussi comme ça qu’on arrivera à capter des lecteurs.
Après les quatre premières séries annoncées, qu’est-ce qui est prévu ?
Il y a actuellement d’autres séries en cours de production. J’aimerais arriver à en sortir une par trimestre jusqu’à maintenir, dans l’idéal, une dizaine de productions en cours. C’est l’ambition de Glénat pour montrer son investissement et son souhait d’être un acteur actif dans le webtoon aujourd’hui.

le dernier dracosire@glenat
Pourquoi avoir choisi un partenariat avec Ono ? il existe d’autres plateformes. Vous auriez pu aussi développer votre propre outil.
Développer notre outil aurait demandé un investissement important et n’aurait eu de sens qu’avec des dizaines, voire des centaines de contenus dès le départ. Avec la production que je vous affiche, l’application aurait été un peu maigre ? Nous sommes à un moment il faut fédérer les lecteurs et leur exprimer quelque chose de lisible et de clair, plutôt que de multiplier les applications et leur dire d’aller sur tel ou tel site pour lire.
Et puis parce que notre corps de métier, c’est éditeur ! Ce que l’on fait de mieux c’est accueillir des auteurs, les accompagner dans la production et en faire la promotion. Donc, restons dans ce que nous savons faire pour donner un maximum de chance aux produits d’être vus, d’être puissants.
Ono est un projet français qui est riche de l’expérience de dizaines d’années en la matière. On pense souvent qu’Ono est jeune mais en réalité, il profite déjà de toute la maturité que Mediaparticipation a acquis. Pour eux, le projet du numérique est déjà un projet à long terme qu’ils ont commencé il y a déjà 15 ans. Ils ont déjà un savoir-faire, que ce soit en communication, en représentation, en marketing qui nous donnait confiance.
Glénat a d’ailleurs rejoint le capital d’Ono il y a deux mois. Nourrir une application dans laquelle nous investissons nous permet de gagner en cohérence et de mieux connaître ces nouveaux lecteurs.
Comment allez-vous promouvoir vos webtoons ?
Dans le monde du livre, ce sont surtout les éditeurs ou professionnels du secteur qui regardent quelle est la maison d’édition liée à l’œuvre. Dans le webtoon, ce n’est pas nécessairement ce qui est le plus prescripteur. Ce que l’on préfère, c’est défendre nos auteurs, en faire le centre de nos préoccupations. Nous allons faire un travail, que ce soit sur nos réseaux sociaux ou même lors de certains événements, pour valoriser nos auteurs, les mettre en avant, les présenter et expliquer ce qu’ils font et comment ils le font. Et montrer que Glénat est aussi capable d’accueillir des auteurs de ce nouveau média.
Le lecteur ne verra peut-être pas toute la démarche et la réflexion qu’il y a derrière l’œuvre. Mais ça nous sera rendu, si ce sont les auteurs qui en bénéficient d’une manière ou d’une autre. C’est le travail autour des auteurs qui sera nouveau et toute la communication autour d’eux.
Un petit logo de Glénat sera présent sur chaque épisode à côté du titre, mais nous voulons surtout défendre un contenu, une vision différente de ce que peut être le webtoon. Nous voulons fédérer le lecteur autour d’une production locale, avec des thématiques européennes (politique, droits des femmes, diversité…).
On espère qu’au bout d’un moment, le lecteur aimera tellement le créateur de contenu, qu’il sera toujours en accord avec ses projets, et qu’il aura envie de le soutenir. On veut développer cette culture d’auteurs qui n’existe pas suffisamment dans le webtoon.
Qu’est-ce qui vous démarque des autres éditeurs français qui se sont lancés dans le webtoon numérique ?
J’ai la sensation que ces précédentes tentatives étaient très ingénieuses mais un peu précoces et qu’elles ressemblaient davantage à de la BD adaptée au format webtoon. Nous voulons créer du véritable webtoon français. Nous avons un héritage BD et manga mais nous refusons de faire tout comme l’un ou tout comme l’autre.
L’existence d’Allskreen ou Webtoon Factory a permis de familiariser les auteurs à ce nouveau média. Plus on aura d’auteurs, plus il y aura d’éditeurs et plus d’événements associés pour faire progresser ce secteur.
Projet à court terme : signer avec des auteurs et leur offrir des opportunités professionnelles dignes
À Moyen terme : créer une collection Glénat reconnue par les lecteurs
À Long terme : développer le webtoon français dans le souhait qu’il soit reconnu sur la scène mondiale
Dans l’optique où vous sortiriez du webtoon au format papier, est-ce que ce serait les œuvres disponibles sur Ono ou d’autres titres ?
Nous avons encore toutes les possibilités, peut-être qu’un jour que l’on fera aussi de l’achat de droit mais si l’œuvre est un succès en numérique, il serait dommage de ne pas la décliner au format papier. C’est un objet encore jeune qui cherche encore sa place entre le manga et la BD. On a aussi la chance de bénéficier du savoir-faire d’Hugo Publishing qui appartient au groupe Glénat et qui est riche de conseils.
Nous remercions Hugo Manos pour cette interview et le temps qu’il nous a accordé ☺️
Retrouvez ces informations sur le site GLENAT
Vous aimez le webtoon français ? Découvrez les titres suivants :
ARENA : un isekai français galactique,
BAROUF, du pur shonen à la française
DISTRESS, un BL français monstrueux !
GRADALIS – la quête du Graal revisitée.
Ainsi que L’interview de CYANN au sujet de son titre Les Ravageurs
Laisser un commentaire